Sunday, 24 April 2011

Boycott des élections: le point de vue de la classe ouvrière

Article paru dans le premier numéro du journal Partisan:

La campagne que les supporters de ce journal mènent pour le boycott des élections rencontre un écho favorable en milieu ouvrier. De fait, tout porte à croire que plus de la moitié des travailleurs et des travailleuses n'iront pas voter le 2 mai prochain.

Ce phénomène, on l'observe immédiatement dans les circonscriptions à forte concentration prolétarienne, où le taux de participation est généralement inférieur à la moyenne nationale. Quand on tient compte du fait que des centaines de milliers de prolétaires, qui vivent et travaillent sur le territoire canadien, n'ont pas droit de vote parce que résidents permanents ou sans statut, l'abstention ouvrière dépasse largement les 50%.

Outre celles qui proviennent des partis bourgeois eux-mêmes, les réticences les plus fortes que l'on rencontre envers le boycott viennent de cette gauche qui espère encore que le système bourgeois puisse faire preuve de «compassion» et adoucir les horreurs dont il est pourtant responsable. Il faut dire que beaucoup de gens parmi cette faune (militants syndicaux, salariéEs de groupes communautaires, etc.), dont les intentions sont par ailleurs sans doute honnêtes - là n'est pas la question - sont eux-mêmes liés par mille et un fils à l'appareil d'État. Ce système, ils vont apparemment y croire encore toute leur vie...

Ces gens-là nous disent qu'il faut aller voter parce que sinon, on aura le gouvernement qu'on mérite et qu'il sera trop tard ensuite pour se plaindre de ses décisions. Mais depuis quand la légitimité de notre colère et de nos revendications dépend-elle de notre bulletin de vote? En fait, ce sont ceux qui participent au système électoral qui vont conférer une légitimité au prochain gouvernement. Qui donc sera élu le 2 mai prochain? Harper, vraisemblablement. Ignatieff, peut-être. L'un ou l'autre, c'est sûr.

Comment peut-on imaginer que le vainqueur appliquera un autre programme que celui de la grande bourgeoisie canadienne? Et de quoi auront donc l'air nos valeureux «démocrates de gauche» au lendemain de l'élection? Espérons qu'ils ne ressortiront pas leurs pancartes où c'est écrit «J'ai jamais voté pour ça» parce que de fait, ils auront voté pour ça: pour un gouvernement bourgeois qui pourra se réclamer d'un mandat populaire fort et légitime, élu avec à la complicité d'une gauche servile.

Certains nous disent que cette fois-ci, c'est différent, que Harper est plus dangereux que les autres et qu'il faut tout faire pour freiner la «montée de la droite». Le problème, c'est que le durcissement du pouvoir bourgeois auquel on assiste effectivement, qui par ailleurs n'est pas un phénomène strictement canadien (ça se passe aussi dans la plupart des pays capitalistes que l'on dit «avancés»), touche tous les partis et tout l'appareil politique dominant. Quand c'est rendu que le principal parti «de gauche», le NPD, vote en faveur du déploiement militaire canadien en Libye et promet l'embauche de 2 500 flics supplémentaires et le maintien des dépenses militaires à leur niveau actuel s'il est élu, on peut douter sérieusement de sa capacité à freiner la droite - si tant est qu'il en ait la volonté.

Les travailleurs et les travailleuses ont bien raison de se désintéresser du cirque électoral qui se déroule sans elles et eux. Boycotter les élections, c'est commencer à cesser de penser comme nos ennemis; c'est un premier geste de rupture, le début d'une réappropriation de notre identité comme prolétaires.

2 comments:

  1. And this really feels like an educated response due to its wondrous ability to actually respond to any of the arguments and, instead, resorting to ad hominem attacks. How is voting for who gets to misrepresent the people, where all the important decisions are made ahead of time (i.e. the divorce between the political and economic) exactly democratic?

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  2. Ne pas voter c'es ce que les bourgeois veulent qu'on fasse parce qu'en bout de ligne, ils veulent des gens apathiques qui ne s'intéressent pas a la politique, qui ne vont pas faire de pression sur le gouvernement d'une facon ou d'une autre.

    Parce que le danger d'interessé les gens a réellement voté c'es que ces gens se mettent a penser par eux-meme et s'organisent, se révoltent et changent le système en organisant leur communauté, avoir des élu de groupe travailleurs et des mouvements de révolte sporadique contre le système lui-meme.

    a la place de dire au gens ce qu'ils ne devraient pas faire, on devrais se concentrer sur ce qu'ils doivent faire, c'es a dire porter attention a ce qui se passe.

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